Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/102

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Ainsi, ployant son corps qui se recroqueville
Elle exhalait un rêve où chaque mot saignait…
Un bracelet d’amour luisait à son poignet
Mais un anneau d’esclave écorchait sa cheville.

Ô fille d’Arabie au cœur mystérieux,
Quel regret déchirait ta gorge ravagée
Alors que, me haussant vers ta joue orangée,
J’y baisais le secret d’un tatouage bleu ?…

Mais tu laissais couler ta plainte intarissable,
Et je sentais, saisi d’un étrange frisson,
Me pénétrer, lointaine et triste, ta chanson
Triste comme un lever de lune sur les sables !