Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Avec quelle noblesse et quelle ample indolence
Allais-tu balançant ta robe d’apparat,
Et comme il me berçait avec magnificence
Ce lourd bruit d’or massif remué par tes bras !

Tu n’auras jamais su la longue patience
Dont j’armais mon regard entre ces murs rongés,
Quand, bravant tant d’ordure et tant de pestilence,
Je guettais le jardin de tes châles frangés.

Alors, suivant ta marche aux traînantes babouches
Dont le talon claquait sur le pavé gluant,
Je cherchais dans les plis du nez et de la bouche
Le secret de ta race, équivoque et fuyant.

Dis, vers quelle aventure allais-tu, lente et seule,
Balançant ce satin sur ta croupe étalé,
Morne et silencieuse entre ces longs bras veules
Qu’Holopherne, à son cou, sentit un soir couler ?