Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/16

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Ce que j’ai vu planer sur ces grands monts sans arbres
             Qu’éperdus de soif, nous foulions
Et qui, fauves et roux, semblent cacher leurs marbres
             Sous le pelage des lions,

Ce que j’ai vu surgir de tes villes lunaires
             — Forums vides, cirques déserts —
Par ces livides nuits où l’éclair sans tonnerre
             Fouille le silence des airs,

Ce qui des lacs de sel perdus parmi tes plaines
             Devant mon rêve s’exhala
Tandis qu’une aigle d’or, petite et si lointaine,
             Tremblait toute sur Djemila,

Ce qui, le long du roc tout ruisselant d’aurore
             Et formidable sous nos mains,
Nous apparut un jour brûlant et rouge encore
             De la pourpre et du sang romains,