Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/162

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Dites, de quelle angoisse et de quelle épouvante
Hantez-vous l’horizon suprême de la mer ?
Il semble qu’on vous ait prises, toutes vivantes,
Et que d’obscurs soutiers, à fond de cale, inventent
Une exquise torture autour de votre chair.

Vous mêlez au couchant de poignantes magies,
Supplice, jouissance, extase, pâmoison…
Cris perdus ricochant le long des eaux rougies,
Comme vous dites bien toutes les nostalgies,
Notre âme insatisfaite et sa soif d’horizon.

Et, quand vous jaillissez de la mer embrasée
Et que miroite alors Andromède ou Persée,
Sirènes, se peut-il un jour que nous cessions
De croire qu’une longue et sifflante fusée
Éparpille en plein ciel les constellations ?

Vous criez plus aigu, plus haut, plus fort encore :
Et la Grande Ourse émerge au gouffre immense et bleu,
Le Chariot s’anime et je revois éclore
Nysa, Cassiopée, Ariane, Pollux, Flore
Au bout de votre cri comme des fleurs de feu !