Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/52

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Tu m’offres aux lueurs de tes feux éclatants
Alger dans son corset de remparts, et j’entends
De la place marine où la mouette me frôle
Les cinq cloches sonner à la porte du môle.

Ce qui, dans ton vitrail arabe rayonna,
Quand le soleil se joue à travers les grenats
De ton fruit entr’ouvert dont le grain se desserre,
C’est le sang des captifs et le sang des corsaires.

Les deys assassinés dans leurs jardins profonds
Ont dû voir en mourant tourner tes fruits qui font
Au moindre coup du vent où balance leur arbre
Tinter leurs grains sanglants qui roulent sur le marbre.

Tu me donnes le crépuscule où le pacha
Devant la mer, sur sa terrasse, se coucha
Pour entendre le long des murs gluants dans l’ombre
La prière monter des galères sans nombre…