Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/83

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des chiens enragés et mes supérieurs ne me diront que merci. Prends la petite fille.

La foule se tut. Un soldat arracha l’enfant qui hurlait désespérément, un autre passa les menottes aux mains que le condamné tendait docilement.

— Qu’on la donne aux femmes, ordonna l’officier au soldat en rajustant son baudrier.

La fillette cherchait à dépêtrer ses petites mains du mouchoir et continuait à hurler, le sang à la figure. Marie Pawlowna se sépara du groupe et s’approcha de l’officier :

— Monsieur l’officier, permettez-moi de porter l’enfant, dit-elle. Le soldat portant la fillette s’arrêta.

— Qui es-tu ? demanda l’officier.

— Une condamnée politique, répondit-elle.

Évidemment, la jolie figure et les beaux yeux de Marie Pawlowna agirent sur l’officier (il l’avait déjà remarquée à la réception). Il la regarda en silence semblant réfléchir.

— Ça m’est égal, portez-la si vous voulez. Il est bien à vous de vous apitoyer ! Et s’ils s’évadent qui donc répondra d’eux ?

— Comment voulez-vous qu’il s’évade avec une enfant ? demanda Marie Pawlowna.

— Je n’ai pas le temps de discuter avec vous. Prenez-la si vous voulez ».

À la seconde étape, cet officier devient encore plus coulant.

— L’officier a eu vraisemblablement honte