Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/93

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se trouvât incapable de répliquer. Les assistants félicitaient alors le vainqueur et le couronnaient de laurier, après quoi les adversaires redevenaient amis. Cette forme originale de jugement pratiquée dans la partie orientale du Groenland a été confirmée, il n’y a pas longtemps, par Nansen, qui regrettait que les missionnaires catholiques aient aboli cette coutume dans la partie occidentale de la contrée. Cette façon de trancher un différend nous semble évidemment incroyable, une fantaisie propre, non à des hommes normaux, mais à des êtres abâtardis, grelottant dans les neiges et les glaces du cercle arctique.

Il se trouve pourtant qu’on a constaté la même forme de duels aux chansons chez les anciens habitants de l’Arabie, c’est-à-dire dans les tropiques[1].

Il ne faut pas conclure, par conséquent, par les sentiments seuls des contemporains, de ce qu’est capable la nature humaine.

Les généralisations dans le domaine du châtiment criminel, basées sur les seuls traits de l’organisation moderne, seraient d’autant moins exactes qu’il appert de l’histoire du droit criminel chez tous les peuples civilisés modernes, que partout après la vengeance sanglante, survenait toujours une période ainsi nommée de compositions, de rachat, quand le sentiment de l’offensé et de ses proches, ainsi que celui de l’autorité sociale

  1. S. R. Steinmetz. « Ethnologische Studien zur ersten Entwicklung der Strafe », vol. II, pages 69, 70.