Aller au contenu

Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
309
Comédie.

elle-même qui le dit en mauvais vers) elle éprouve des remords et de l’effroi ; elle renonce à son projet. Mais pour pas avoir le démenti tout à fait, elle jette quelques-uns de ses habits dans le vivier. Mylord la croit morte et se désespère. Cependant elle reparaît, et obtient de lui la permission de se retirer auprès de ses parens. Mylord, furieux de son départ, ne se connaît plus, et ne veut rien moins que se percer de son épée. Myladi Davers sa sœur, qui s’est opposée au mariage, dans le cours de la pièce, prend pitié du sort déplorable de son frère, et court après Paméla, qui heureusement n’était pas loin ; elle la ramène, Bonfil l’épouse, et la pièce est finie.

On conçoit difficilement comment un homme du mérite de La Chaussée a pu imaginer un tel plan, et comment sur-tout il a eu le courage de le traiter, sans s’arrêter vingt fois en chemin. Ce qui ajoute à l’étonnement encore, c’est que ce même homme, dont le style est, en général, pur et correct, quoique froid et sans couleurs, est ici faible, lâche, prosaïque, et au rang, pour ainsi dire, des derniers écrivains. Tant il est vrai que la diction tombe nécessairement, quand elle n’est pas soutenue par un fond intéressant.