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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/347

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PAMÉLA.

le sujet de Paméla, se sont astreints à la marche de Richardson, n’ont produit que des ouvrages froids et dénués de toute espèce d’intérêt, dont le public a fait une prompte justice, et qui sont aujourd’hui totalement oubliés.

On ne conçoit pas, après avoir lu la Paméla de La Chaussée, comment un ouvrage aussi médiocre a pu sortir de la même tête qui avait produit le Préjugé à la mode, Mélanide, la Gouvernante, etc. L’étonnement redouble encore, quand on considère que ce sujet appartenait naturellement au genre que La Chaussée avait choisi, et qu’il a justifié par des raisons qui dispensent d’en donner d’autres, des succès éclatans et nombreux. Trompé par le nom imposant de Richardson, et par la vogue étonnante du roman de Paméla qui a, à la lecture, l’intérêt des détails, La Chaussée crut y voir ce qui ne s’y trouvait surement pas, l’intérêt de la scène. Il traça son plan en conséquence, et son plan fut très-mauvais. La scène se passe au comté de Lincoln, dans un château où Mylord a confiné Paméla sous la garde sévère de la Jewks, qui joue dans la pièce un rôle infâme. Toute l’intrigue roule donc sur les tentatives de Paméla pour échapper à sa prison, et sur les secours que lui a promis un certain M. Williams, jeune Ministre qui est amoureux d’elle, sans qu’elle le sache comme de raison. Mylord arrive ; il veut donner une seconde surveillante à Paméla dont il a appris les projets d’évasion. Cette femme se présente ; c’est madame Andreuss, la mère de Paméla. Il y avait, dans cette idée, une intention dramatique, qui pouvait produire de l’effet ; mais elle n’en produit malheureusement aucun : il n’en résulte que quelques froides conversations entre Paméla et sa mère ; elle se nomme à Mylord, et il n’en est que cela. Enfin, de concert avec sa mère, Paméla fait un nouvel effort pour sortir du parc, mais il est inutile comme les précédens. Alors, elle prend le courageux parti de se noyer : mais, arrivée au bord de l’eau, (et c’est