DISCOURS
PRÉLIMINAIRE.
Le nom de Goldoni est plus célébré en France,
que ses ouvrages n’y sont connus. Des imitations plus
ou moins heureuses de quelques-unes de ses pièces,
et sur-tout son excellente comédie du Bourru bienfaisant,
ont familiarisé les Français avec le nom de Goldoni,
qui s’est naturellement associé à ceux de nos auteurs
dramatiques. Mais, indépendamment des changemens
nécessaires que subissent les drames étrangers pour
passer avec succès sur la scène Française, les imitateurs
n’ont pas toujours indiqué à la reconnaissance
publique les sources oh ils avaient puisé : et leur
choix, d’ailleurs, ne s’est pas constamment arrêté
sur les Chef-d’œuvres du poëte Italien. Si l’on en excepte
Molière, adapté à notre théâtre avec des changemens
très-heureux, par M. Mercier, la Jeune Hôtesse
de M. Flins, et Paméla, traduite avec succès, par
M. François (de Neuf-Château), il faut convenir
que le goût n’a pas toujours dirigé les autres imitateurs.
Les trente-deux Infortunes d’Arlequin, l’Enfant d’Arlequin perdu et retrouvé, les Caquets, etc. ne
suffisaient pas sans doute pour donner aux Français
une idée juste des talens d’un homme nommé, de
son vivant, le Molière de l’Italie ; et que la postérité,
sans le mettre précisément à côté de Molière, auquel