Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/5

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Discours

il ne faut comparer personne, placera du moins toujours dans la classe des génies supérieurs. Elle honorera à jamais d’une distinction particulière l’homme étonnant qui a donné au théâtre, ou livré à la presse près de deux cents comédies d’intrigue ou de caractère ; qui a vu dix-huit éditions de ses œuvres, et ses pièces accueillies sur tous les théâtres, et traduites dans presque toutes les langues de l’Europe.

La littérature Française s’est enrichie successivement de la traduction des théâtres étrangers. M. Le Tourneur nous a fait présent de Shakespeare ; et les Français ont pu apprécier ce génie vraiment extraordinaire, dont les fautes et les beautés n’appartiennent qu’à lui, et qui est aussi étonnant dans les unes, qu’admirable dans les autres. Les théâtres Espagnol et Allemand sont également traduits ; Goldoni seul nous manquait : nous essayons aujourd’hui de remplir cette lacune. Sans doute il eût été à désirer pour la gloire de ce grand homme, et pour l’intérêt de notre littérature, que le projet de le traduire eût été formé par des écrivains d’un talent supérieur au nôtre : mais si le zèle le plus ardent pour les lettres, si une juste docilité pour des conseils que nous sollicitons d’avance, peuvent contribuer au succès d’un ouvrage, peut-être notre entreprise ne sera-t-elle pas sans quelqu’utilité. Pénétrés d’admiration pour le génie de Goldoni, et de respect pour sa personne, nous allons tâcher de faire connaître l’un, par la traduction de ses meilleures pièces ; et l’autre, par le précis de sa vie et de ses travaux littéraires. Puisse l’écrivain conserver sous