Jamais, sans doute, un auteur français n’eût conçu
le premier le projet de faire parler Moliere sur la
scène : cette entreprise eût au moins semblé téméraire.
Nous prenons tant d’intérêt à un aussi grand nom,
Moliere lui-même nous a donné tant de droit d’être
difficile sur le personnage de Moliere, qu’il eût été
peut-être impossible de répondre à notre attente,
et de nous rendre sur-tout le Moliere que nous connaissions.
Moins à portée que nous d’apprécier son mérite,
et celui de sa diction en particulier, les étrangers
devaient se montrer nécessairement plus faciles à contenter.
Aussi la comédie de Goldoni obtint dans toute.
l’Italie un succès, dont, malgré son mérite réel,
elle n’aurait pu se flatter chez nous.
En applaudissant à l’idée heureuse qui sert de base à tout l’ouvrage, des spectateurs français auraient désiré plus de chaleur dans la marche de la pièce, plus de force dans l’intrigue : ils auraient regretté qu’un auteur capable d’inventer le personnage de Pirlon, ne se soit pas donné la peine de développer davantage un caractère aussi théâtral, et de le faire agir d’une manière conforme à l’idée que l’on a d’avance de lui : ils auraient vu avec peine que des