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Comédie.

scènes infiniment plaisantes, que d’autres qui seraient susceptibles du plus grand effet, ne sont pour ainsi dire qu’indiquées, et que les situations sont amenées, plutôt qu’approfondies. Quel moment, par exemple, que celui où le fourbe Pirlon, surpris par Moliere dans la chambre ou il s’était caché, tombe aux pieds du grand homme qu’il a voulu perdre, et lui demande pardon ! quel parti il y avait à tirer d’une pareille situation, qui est à la fois et le dernier degré de l’avilissement dans le scélérat démasqué, et le plus Beau des triomphes pour l’auteur du Tartufe ! Les gens de goût qui fréquentent assiduement nos spectacles, auraient trouvé le dénouement un peu brusque, et la réconciliation de la mère et de la fille un peu trop prompte : ils auraient voulu que l’auteur du Moliere ne perdît jamais de vue le grand écrivain qu’il mettait sur la scène, et que sa diction, toujours noble, ne descendit jamais au trivial.

Voilà ce qu’une critique exercée aurait, à la rigueur, trouvé à reprendre dans l’ouvrage de Goldoni. Mais son plan, le choix de ses personnages, le caractère qu’il leur donne, auraient, à coup sûr, réuni tous les suffrages. Il était impossible que ces beautés réelles échappassent aux yeux des gens de lettres, et ces excellens matériaux n’attendaient qu’une main capable de les mettre en œuvre.

M. Mercier eut le courage de s’en charger et rendit aux Français le service de leur faire connaître un des plus beaux ouvrages de Goldoni, et qui avait pour eux un intérêt particulier, celui du sujet. l’auteur français ne crut pas devoir s’écarter du plan