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CHAPITRE XIII.

M. Burchell était un ennemi : Il a le courage de donner un avis qui déplaît.

Ainsi, dans notre famille, bien des projets de briller ; mais sitôt formés, sitôt détruits par quelque revers imprévu. Je tâchais de prendre avantage de chaque désappointement, de faire tourner, au profit de leur bon sens, les mécomptes de leur ambition. « Vous le voyez, mes enfants, nous gagnons bien peu à chercher à donner le change en nous frottant à plus hauts que nous. Vouloir, quand on est pauvre, ne frayer qu’avec les riches, c’est se faire haïr de ceux qu’on évite, et mépriser de ceux qu’on recherche. Tout pacte, entre gens d’inégale condition, est toujours au détriment du plus faible : au riche, tout le plaisir ; au pauvre, tout le mal qui en résulte. Viens, Dick : répète-nous, mon enfant, dans notre intérêt à tous, la fable que tu lisais aujourd’hui. »

« Il y avait, une fois, dit l’enfant, un géant et un nain qui étaient amis et qui habitaient ensemble. Ils prirent l’engagement de ne jamais se séparer l’un de l’autre, et de courir les mêmes aventures. Le premier combat qu’ils livrèrent fut contre deux Sarrasins, et le nain, qui était très-brave, donna à un de ses adversaires une grande estafilade.