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Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/139

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la composition de la pièce. J’ai vu tel ouvrage très-populaire, sans un seul mot spirituel, et tel autre sauvé par un accès de colique que l’auteur y avait jeté. Congrève et Farquhar ont, pour nous, monsieur, beaucoup trop d’esprit ; notre langue, à nous, est plus naturelle. »

L’équipage de la troupe arrivait au village, prévenu, à ce qu’il paraît, de notre arrivée, et aux portes pour nous regarder passer ; car, mon compagnon en fit la remarque, les acteurs ont toujours, hors de la salle, plus de spectateurs que dedans.

Ma présence en pareille compagnie était peu convenable ; je n’y pensai qu’en voyant la foule s’attrouper autour de moi. Je me réfugiai, aussi lestement que possible, dans la première auberge qui s’offrit, et, à peine entré dans la salle commune, je fus accosté par un gentleman fort bien mis qui me demanda si réellement j’étais le chapelain de la troupe, ou si mon costume était celui de mon rôle dans la pièce du jour. Je lui contai la vérité, et, dès qu’il sut que je n’appartenais à la troupe en aucune manière, il eut la complaisance de m’inviter, moi et l’acteur, à partager un bol de punch. En le versant, il discuta les questions politiques du moment avec tant de chaleur et d’intérêt, qu’à part moi j’en fis, tout au moins, un membre du parlement. Mes conjectures se confirmèrent lorsque, demandant ce qu’il y avait pour notre souper dans l’auberge, il voulut à toute force nous avoir, l’acteur et moi, à souper chez lui, et ses instances furent telles, qu’il nous fallut bien accepter.