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CHAPITRE III.

Changement d’habitation.
Le bonheur de la vie dépend, en définitive, de nous-mêmes.

La nouvelle de notre malheur pouvait être ou inventée par la méchanceté, ou prématurée !… C’était notre seul espoir : mais une lettre de mon fondé de pouvoir à Londres vint bientôt nous confirmer chaque détail. Pour moi, si j’eusse été seul, la perte de ma fortune n’eût été qu’une bagatelle : tout mon chagrin fut pour ma famille, tombée si bas sans avoir passé par les épreuves qui auraient pu l’endurcir contre le mépris.

Près de quinze jours s’écoulèrent avant que je cherchasse à calmer son affliction ; car des consolations prématurées ne font que réveiller la douleur. Dans cet intervalle, toutes mes pensées n’eurent qu’un objet… l’avenir, les moyens de vivre ! À la fin on m’offrit, assez loin dans le voisinage, une petite cure de quinze livres sterling, par an, où je pourrais continuer à pratiquer mes principes sans aucune contrariété. J’acceptai avec joie cette proposition, bien décidé à augmenter mon traitement par l’exploitation d’une petite ferme.

Cette résolution prise, mon premier soin fut de rassembler les