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CHAPITRE VIII.

Un amour qui promet peu et qui pourtant peut donner beaucoup.

Le lendemain matin, nouvelle visite de M. Burchell ; pour bonnes raisons, ses fréquentes apparitions commençaient à me déplaire ; mais le moyen de lui refuser ma compagnie et le coin de mon feu ! Au fait, son travail payait, et bien au delà, sa dépense ; car il nous secondait avec vigueur. Pour faner, pour mettre en meule, il était toujours le premier. D’ailleurs, avec lui, toujours quelque propos amusant qui allégeait, pour nous, la fatigue ; c’était une tête à la fois si extravagante et si sensée, que je l’aimais, que j’en riais, que j’en avais pitié. Mon seul grief était l’attachement qu’il montrait pour Sophie ; il l’appelait, pour plaisanter, sa petite maîtresse, et, quand il achetait quelques rubans pour mes filles, celui de Sophie était toujours le mieux. Je ne savais trop comment, mais chaque jour je croyais voir ses manières devenir plus aimables, son esprit s’épurer, sa bonhomie s’élever à toute la hauteur de la sagesse.

La famille dînait aux champs ; nous étions assis ou plutôt couchés autour d’un modeste repas, la nappe étendue sur le foin ; M. Burchell