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Page:Gomont - Anecdotes historiques et morales, 1851.pdf/23

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briqua des ailes sans autres matériaux que des plumes unies avec de la cire, et que, osant se confier à l’espace, il se fraya un chemin par une voie nouvelle et arriva enfin à gagner la terre et la liberté.

Tel ne fut pas le sort de son fils Icare, qui l’avait accompagné. Trop faible pour soutenir longtemps son vol, ou bien s’étant, nous dit-on, trop approché du soleil, dont la chaleur fondit la cire qui unissait les plumes de ses ailes, le malheureux jeune homme tomba dans la mer au-dessus de laquelle il avait voulu s’élever.

Ce conte retrace la destinée de ceux qui veulent sortir de la condition où ils sont nés, et suivre une carrière flatteuse pour leur amour-propre. S’ils ont un génie réellement au-dessus de leur état, c’est-à-dire, une raison droite avec une forte intelligence, alors ils peuvent se maintenir et faire route dans la sphère où ils ont voulu prendre rang. S’ils n’ont pas ces rares qualités, ils succombent, épuisés par leurs efforts, ou bien se perdent en voulant s’élever trop haut.

Généralement, sachons rester dans la condition où le ciel nous a placés, et bornons nos désirs à nous y faire estimer par notre conduite honnête et un travail intel-