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Page:Gomot - Histoire de l’abbaye royale de Mozat, 1872.djvu/54

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L’ABBAYE DE MOZAT.

puisait dans la persécution des forces nouvelles. La foi relevait les églises, repeuplait les abbayes et mettait dans les âmes alarmées cette confiance, cette énergie morale dont les moines donnaient chaque jour l’admirable exemple. Le cloître, à cette époque, n’était pas seulement un asile pour ceux qui voulaient se consacrer à Dieu et finir leurs jours dans la pénitence, c’était un refuge toujours ouvert aux victimes de la tyrannie et de l’injustice humaine. Aux serfs, les religieux prêtaient aide et protection contre les exactions des seigneurs ; aux proscrits, ils donnaient un abri devant lequel s’arrêtaient le plus souvent les persécutions. Leur vie, dans ces siècles de violence, était une lutte incessante contre les abus de la force. Aussi disait-on d’eux : « Milites Dei pro pace et Deo militantes[1]. »

Les moines représentaient donc une idée morale et élevée, et ils furent les plus ardents à revendiquer les droits de la dignité humaine. Au plus fort de la féodalité, Pierre de Blois écrivait ces belles paroles, qui contrastent si étonnamment avec le siècle où il vivait : « Il est deux choses pour lesquelles tout fidèle doit résister jusqu’à la mort : la justice et la liberté. » Rien ne pouvait abattre le courageux dévouement des moines. Les seigneurs féodaux brûlaient les monastères, mais ils renaissaient bientôt de leurs cendres avec plus de vitalité. Les évêques leur accordaient de nouveaux priviléges, et les rois de France eux-mêmes encourageaient en eux cette résistance infatigable aux envahissements du pouvoir féodal.

  1. Note Wikisource : « Soldats de Dieu, combattant pour la paix et pour Dieu. »