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Page:Gomperz - Les penseurs de la Grèce, Vol 1, 1908.djvu/240

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anaxagore

Avec Anaxagore[1], la philosophie et les sciences de la nature ont passé d’Ionie en Attique. Ce penseur est né en ou vers l’an 500 avant J.-C. à Clazomènes, dans le voisinage immédiat de Smyrne ; il appartenait à une famille aristocratique. Il négligea, dit-on, son patrimoine et se voua de bonne heure et exclusivement à la recherche philosophique. Nous ignorons quelles écoles il fréquenta, où il acquit sa science. Car s’il se rattache en bien des points aux doctrines d’Anaximandre et d’Anaximène, la tradition qui fait de lui l’élève de ce dernier contredit les données chronologiques. À l’âge d’environ quarante ans, il vint se fixer à Athènes ; et il y fut jugé digne de l’amitié du grand homme d’État qui cherchait à faire de cette ville le centre littéraire aussi bien que le centre politique de la Grèce. Pendant toute une génération, il fut l’ornement du cercle choisi que Périclès avait rassemblé autour de lui. Mais il devait, lui aussi, être entraîné dans le tourbillon des luttes de partis. Lorsque, vers le commencement de la guerre du Péloponnèse, l’astre du maître des destinées d’Athènes commença à pâlir, une accusation d’impiété fut portée contre la gracieuse et intelligente compagne de sa vie, et aussi contre celui que la philosophie lui avait rendu cher. L’exil ramena Anaxagore dans sa patrie, en Asie Mineure, et il termina à Lampsaque, à l’âge de soixante-douze ans, et au milieu de ses fidèles disciples, une vie sans tache. Nous possédons des fragments notables de son œuvre, qu’il avait divisée en plusieurs livres, et qu’il avait écrite en une prose dénuée d’art, mais non

  1. Cf. surtout : Anaxagoræ Clazomenii fragmenta, coll. Ed. Schaubach, Leipzig 1827, ou bien W. Schorn, Anaxagoræ Claz. et Diogenis Appolloniatæ fragmenta, Bonn 1829. La source presque exclusive des fragments est le commentaire de Simplicius à la Physique d’Aristote. Une petite phrase oubliée par les collectionneurs de fragments se trouve dans Simplic. in Arist. de Caelo, 608, 26, Heiberg ; un mot plein de sens, également omis dans les collections, se trouve dans Plut. Moral., 98 sq. (de Fortuna, c. 3). Sur les détails de sa biographie, voir Diog. Laërce, II ch. 3. Apollodore place sa naissance dans la 70me Olympiade (500-497), et sa mort dans la 1re année de la 88me (428). Diog. Laërce donne comme un on-dit (λέγεται) le fait qu’il naquit en 500 et qu’il atteignit par conséquent l’âge de 72 ans. Sur les relations d’Anaxagore avec Périclès, cf. Platon, Phèdre, 270 a, et la biographie de Périclès par Plutarque, en particulier le ch. 32. La résignation avec laquelle il supporta la perte de son fils unique a été admirée de toute l’antiquité. Sur l’époque de la publication de son livre, cf. Diels, Seneca und Lucan (Berl. Akademie-Abhandlungen, 1885, p. 8, note). Dans Diog. Laërce, II 11, il faut certainement lire ἐπὶ ἄρχοντος Λυσ[ιστράτου]  . Que ce fût le premier livre illustré de figures (indépendamment, je pense, des traités de géométrie destinés à un public spécial et peu nombreux ?) c’est ce que Kothe a conclu récemment et avec raison de Clément d’Alex. Strom., I 364, Pott. et de Diog. Laërce, loc. cit. (Fleckeisens Jahrb., 1886, p. 769 sq.).