Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/126

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caressé de la gaze d’une écharpe volante, leurs cheveux bouclés sous une couronne d’épis, courant la campagne, en se tenant par le petit doigt, tout en faisant sonner contre une oreille des cymbales retentissantes, qui mettent autour de la joie de leurs figures, comme des nimbes.

Mais voyez cette autre grande composition. Deux gras enfants, dans une espèce de tunique s’arrêtant aux genoux, ou plutôt dans une robe d’enfant de chœur, lisent ensemble debout, dans un livre, l’un la tête penchée, l’œil un peu anxieux de la leçon, et la ligne pleine du profil rondissant de l’œil au menton, la bouche entrouverte, insufflée du chant qui s’échappe de ses grosses lèvres, et de sa poitrine gonflée ; l’autre, la tête renversée, montrant les dessous charnus de figure, que Corrège affectionne dans ses Annunziate, a l’œil perdu et fuyant sous le relèvement de ses sourcils ; et derrière les deux enfants-chanteurs, cinq têtes de jeunes hommes regardent par-dessus l’épaule l’un de l’autre, présentant cinq expressions différentes de l’attention.

Ce motif : le plain-chant, Luca della Robbia y revient une seconde fois, et cette fois il lui a fourni une composition, qui est un chef-d’œuvre.

Ici, ce sont deux éphèbes, qui debout, sur une jambe un peu en retraite, tiennent dans leurs mains un large volumen, déployé à la hauteur de la poitrine, et