Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/141

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La peinture flamande, une peinture de triptyque de chapelle, une peinture à la destination d’honnêtes et de petites gens, de bourgeois vivant dans l’ombre d’intérieurs resserrés, une peinture parant Dieu, la Vierge et les Saints de son mieux, par la représentation des étoffes les plus chères ; par la couleur la plus riche, mais ne songeant pas à leur donner un festival, un concerto, à les entourer d’une cour de courtisans, agenouillant tout au plus, au bas de ses panneaux et de ses toiles, une famille, les mains jointes, tandis que la peinture italienne conseillée par le soleil, sous lequel son peuple vit dans la rue ou la campagne, exaltée par le jaillissement, hors de son sol, presque sans fouilles, de ces tronçons d’art antique, qui vont faire l’art de la Renaissance, encouragée au luxe des spectacles fastueux par les fêtes de ses patriciens, est lancée, dès ses débuts, par la richesse de ses petites républiques, à la prise de possession de