Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/145

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meil, plats servant autrefois à poser les aiguières pour le lavage des mains, l’un représentant : « Orphée charmant les animaux, » l’autre, « l’Enlèvement de Proserpine ; » et encore de Cellini, une bouteille de chasse, aux émaux couleur de rubis et vert de myrte. Cette argenterie a pour accompagnement, des amphores de Faenza, aux anses formées de deux serpents entrelacés, d’où l’on verse à la soif de ce monde — inaltérable comme une soif de peuple — une distribution de vin de Champagne, de Bourgogne, de Bordeaux, de Johannisberg.

Dans ce salon cosmopolite, dans ce salon, le rendez-vous de la blonde anglaise, de la brune américaine, de la noire italienne, avec leurs beautés et leurs toilettes diverses, le voluptueux spectacle, que ces valses, où tout ce qui est frais à l’œil, où tout ce qui rit dans la gamme tendre du ton, crème, rose, bleu, mauve : les dentelles, les nœuds de rubans, les pompons, les volants, ondoient et papillonnent devant vous, où se fait un incessant et tressaillant kaléidoscope de toutes les couleurs du satin, sur lesquels ruisselle et cascade la lumière, de toutes les transparences du tulle et de la mousseline, baisant les formes juvéniles, comme un nuage amoureux, et où avec leurs voltes, leurs ondulations, leurs retroussements, leurs fuites, leurs froissements, leurs heurts, c’est la mêlée, la bataille de fête des jupes enivrées de danse, avec en bas, le glissage