Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et cet élégant et aristocratique monde féminin, a l’entour, a le cadre de gens décorés, comme je n’en ai vu nulle part, et dont les croix et les brochettes font le plus joli carillon de la vanité humaine, sur leurs poitrines de généraux inconnus de toutes les nations, et qui semblent avoir mis au pillage les boutiques de décorations du Palais Royal, et sont crachatés jusqu’aux aines, et d’une épaule à l’autre, ou bien, aux cous de tous ces jeunes gens, cravatés de rouge, comme des commandeurs de la Légion d’honneur, et qui sont de simples baillis de Saint-Étienne, des propriétaires d’une ferme de 200.000 francs, laissée par acte, à leur mort, à l’ordre de Saint-Étienne, en l’absence d’héritiers directs ou de telles personnes désignées… Oh ! mais, parmi ces porteurs de quincaillerie, cet homme à la vieille peau tannée, aux poches sous les yeux, aux longues dents déchaussées, pareilles à des touches de piano, au mauvais rire d’un polichinelle vampire, et qui porte à une jambe boitaillante l’ordre de la Jarretière, et au-dessous d’une pomme d’Adam décharnée, je crois bien l’ordre de la Toison-d’Or, n’est-ce pas lord Normanby ?