Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


danse de séraphins, couronnés de marguerites, et enlacés dans une ronde lentement tournante sur un gazon, émaillé de fleurs, ainsi qu’en une ronde de mai des cœurs, s’aimant en Dieu.


TEATRO LEOPOLDO AUGUSTO BARGIACCHI

Sur ce théâtre, c’est un autre stenterello que le gros Cannelli, un stenterello, maigre, nerveux, aux doigts rétractés, au jeu fiévreux, rageur, et dans lequel éclate, d’une façon désopilante, la mauvaise humeur de ses mains et de son masque. Un comique un peu triste, mais un comédien savant, rompu au métier, un comédien original, un comédien tout florentin qui ne rit pas, mais dont les mines, les grimaces, les effets sourds de la voix, la volubilité des paroles, les contorsions excentriques du corps arrachent le rire. À ce théâtre Bargiacchi, dans la bouche du stenterello, c’est de l’esprit tintamarresque ou ordurièrement équivoque.

Exemple d’esprit tintamarresque. Un postillon dit : « J’ai tant de larmes dans l’antichambre des yeux, que je ne puis voir le chemin ! »

Exemple de l’esprit équivoque : « — Ah ! c’est votre sœur de lait.. ? L’épouser, non… avec du lait on ne fait pas des œufs… »