Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/198

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cette lourde lampe, aux anges-amours tenant ces espèces de balancelles qui sont les bobêches des cierges, cette lampe me rappelant, je ne sais pourquoi, le cadre circulaire richement ornementé d’une sphère, cette lampe a toujours l’oscillation, qui a dit à Galilée que la terre tournait autour du soleil : « Eppur si muove. »

À propos de cette découverte du mouvement de la terre, il n’est sorte de persécution, dans quelque genre que ce soit, que ce pauvre Galilée n’ait subie. C’est ainsi que dans le cours d’une visite de l’Université de Padoue par les trois procurateurs de Saint-Marc, formant un tribunal, per la riforma dello studio di Padova, le père Berlinzone accusait le savant, en pleine assemblée, d’entretenir une fille à Padoue, une autre à Gambarara, où il allait passer ses jours de congé, une troisième à Venise, où il faisait de fréquents voyages. Sommé de répondre, Galilée dit simplement, qu’il avait des besoins, que ses besoins lui étaient communs avec son accusateur, et qu’il ne s’était jamais occupé, comment son accusateur les satisfaisait.

Sur cet aveu, après que les riformatori en eurent conféré entre eux, le président prononça que, vu l’insuffisance des appointements de l’accusé, pour fournir à ses besoins, la République les doublait, en l’invitant à en faire bon usage.