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Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/25

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MILAN


Cette boucle de cheveux blonds de Lucrèce Borgia, dans ce ruban bleu, cette boucle de cheveux conservée à la Bibliothèque Ambroisienne, il semble qu’il soit resté en elle un reflet de la pourpre sur laquelle elle a traîné !

Le marquis Trivulce, un vieillard droit, sec, osseux, à la tête énergique d’un homme de guerre du seizième siècle, dans une redingote faite par un tailleur de Paris, mourant, agonisant, au milieu des chefs-d’œuvre de l’art italien, qu’il tire à lui, de ses mains maigres, comme un moribond fait de son drap, et qu’il vous explique avec une voix anhélante, sombrant, à tout moment, dans de l’étouffement.

C’est chez lui, en une immense pièce, où un jet d’eau laisse retomber sa liquide poussière de perle sur deux cygnes en porcelaine de vieux saxe, l’encombre-