Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/26

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ment d’une collection qui semble avoir été faite par une succession de bibeloteurs millionnaires. Des pierres gravées, des camées, des monnaies d’or de Syracuse et de Tarente, des bronzes antiques, des ivoires sculptés de la Renaissance, des Petitot encadrés de perles fines, des vases de la Chine des premières dynasties, enfin un bric-à-brac féerique, au milieu duquel est attaché, dans sa glorieuse simplicité, le bâton du vieux maréchal Trivulce : — un rouleau de pâtissier auquel pend un gland d’or.

Oh ! ce qu’il y a là de raretés, et de raretés dans l’ordre des curiosités inimaginables ! Je ne veux citer que quelques manuscrits. Voici l’un des carnets de poche du Vinci, avec ses caricatures et ses rêves d’architectures et de machines ; — voici le livre de notes du cardinal Borromée, avec le nom des enfants qu’il remarquait dans la discipline de son église ; — voici l’album où Gabrielle d’Estrées écrivait des vers, et où Henri IV lui répondait ; — voici l’A B C D de Maximilien Sforza, avec la représentation peinte des jeux et des récréations enfantines d’une école primaire du moyen âge ; — voici le Livre de beauté des Milanaises, la galerie des jolies femmes d’alors, faite pour François Ier : chacune couverte d’une applique de papier noir volante, avec les noms allégoriques de Prudentia, Sapientia, etc.

Près de l’asthmatique marquis, et sous son regard, est placée une figure en marbre d’une jeune morte, la