Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/51

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sombre éclairé par des crevés, au caleçon dessinant un échiquier noir et blanc, sur un collant bleu.

Dîner au Giardino, nommé ainsi à cause de ses treilles. — Une espèce de Ramponneau, où il y a un coin avec des boxes pour les gens à chapeau. — Des habitués de ce quartier, dont beaucoup, il y a vingt ans, n’avaient pas mis les pieds sur la place Saint-Marc, une population de bouchers, comme Castello est le quartier des gondoliers : des hommes coiffés de laine rouge, avec dessous des profils grecs, et qui s’entretiennent entre eux d’une voix douce et musicale. — Nous mangeons un risotto : un riz au gras, relevé de fromage, et dans lequel sont des foies de volailles. — Momolo, le chef de l’endroit, mandé par nous pour nous donner la recette, se refuse à venir. — Le risotto est suivi de quatre plats de poissons : parmi lesquels il y a un rombo, des rougets, des scampi, de petits poissons qui ont l’air de queues de crevettes, et qui ont un goût d’artichaut. Puis une salade de choux-fleurs, et comme entremets, un énorme zabaione. Un marchand de marrons, coiffé d’une calotte grecque, dans une houppelande verte, blanche sur toutes les coutures, et que recouvre sur le ventre un petit jupon blanc tombant jusqu’à mi-jambes, passe entre les tables, un panier au bras, offrant sa marchandise,