Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/74

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lements. — Contre la Dogana, dans une chaude ombre violette, les voiles couleur tabac des barques s’illuminent fauvement, et sur la boule d’or que le soleil incendie, resplendit dans son élancement la Fortune volante. — À la poupe des gondoles, et toujours et sans cesse, les gondoliers penchés et relevés sur leur rame. — L’eau est engourdie, pâmée, figée, et les mâts jaunes des bateaux et les palais roses s’y reflètent, comme en une huile où les arêtes des lignes se noieraient dans du gras liquide. — Des mouettes naviguent sur ces eaux, comme des cygnes, ou volent un peu au-dessus, en y trempant, de temps en temps, leurs pattes, laissant pleuvoir des gouttes de lumière. — Et pour tout bruit, un marteau lointain de calfat, un gémissement de poulie, un cri de mouette.