Elle se tut un instant.
— Va toujours, dit Gautruche, aplatis-moi sur toutes les coutures… Ne te gêne pas pendant que tu y es…
— Hein ? reprit Germinie, comme tu te figurais que j’allais être enchantée de me mettre avec toi ? Tu te disais : cette bonne bête-là ! va-t-elle être contente ! Et puis, je n’aurai qu’à lui promettre de l’épouser… Elle laissera sa place en plan. Elle lâchera sa maîtresse… Voyez-vous ça ! Mademoiselle ! mademoiselle qui n’a que moi ! Ah ! tiens, tu ne sais rien… Et puis, tu ne comprendrais pas… Mademoiselle qui est tout pour moi ! Mais, depuis ma mère, je n’ai eu qu’elle, je n’ai trouvé qu’elle de bonne ! Sauf elle, qu’est-ce qui m’a dit quand j’étais triste : tu es triste ? Et quand j’étais malade : tu es malade ? Personne ! Il n’y a eu qu’elle, rien qu’elle pour me soigner, pour s’occuper de moi… Tiens ! toi qui parles d’aimer pour ce qu’il y a entre nous… Ah ! voilà quelqu’un qui m’a aimée, mademoiselle ! Oh ! oui, aimée ! Et je meurs de ça, sais-tu ? d’être devenue une misérable comme je suis, une… — Elle dit le mot. — Et de la tromper, de lui voler son affection, de la laisser toujours m’aimer comme sa fille, moi ! moi ! Ah ! si jamais elle apprenait quelque chose… va, sois tranquille ! ça ne serait pas long… Il y en a une qui ferait un joli saut du cinquième, vrai comme Dieu est mon maître ! Mais figure-toi bien… toi encore, tu n’es pas mon cœur, tu n’es pas ma vie, tu n’es que mon