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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/104

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et de Mesdames, mais discrètement, patiemment, avec le patelinage et le commérage. C’étaient à l’oreille du Roi, aux derniers mots d’une conversation sentimentale sur son père, des confidences, des réticences, des calomnies hésitantes et que semblait arrêter le respect. Un autre jour c’était le duc de Choiseul peint en dissipateur des deniers de l’État, qui, pour se former un parti, avait prodigué plus de douze millions de pensions ; et, comme par mégarde portant la main à sa poche, M. de Maurepas en tirait le tableau des grâces accordées à toutes les maisons portant le nom de Choiseul, et la preuve qu’aucune famille de France ne coûtait à l’État le quart de cette famille. Tantôt M. de Maurepas, ne s’avançant qu’à tâtons, allait jusqu’à oser un sourire sur la grossesse de Marie-Thérèse, la rapprochant de la date de l’ambassade de M. de Choiseul. Aidé de M. de Vergennes, il s’enhardissait à appuyer auprès de Louis XVI sur la nécessité d’écarter la Reine de la connaissance des affaires publiques, de l’éloigner de l’État, du trône. Il agitait devant lui les soupçons d’une correspondance de la Reine avec M. de Mercy, contraire aux intérêts de la France ; il le replongeait dans les papiers politiques de ce Dauphin dont le spectre et les préjugés se dressèrent si longtemps entre le Roi et la Reine. De là tant de méfiances, de là ces papiers contre la maison d’Autriche, cette correspondance secrète de Vergennes contre la Reine, gardés par le Roi contre la curiosité de la Reine, et conservés par lui comme des conseils jusque dans les années de mal-