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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/103

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sans maître. Paris, à l’affût des bruits de Reims, parlait avec mille commentaires d’une conférence intime entre le Roi et le duc de Choiseul presque aussitôt l’arrivée du Roi à Reims, des grandes et petites entrées que le Roi venait de lui rendre. Les amis de M. de Choiseul écrivaient à leurs amis des ports : « Suspendez vos expéditions pour l’Inde, nous serons maîtres du terrain : M. de Choiseul va rentrer au conseil. » Mais ces promesses de la situation n’étaient que des apparences : les courriers allaient leur train chaque jour entre Reims et Pontchartrain, entre le jeune Roi et le vieux Mentor, qui n’avait pas oublié de compter parmi ses meilleures chances les bénéfices de l’absence. Pourquoi M. de Maurepas se fût-il inquiété ? Ne savait-il pas, par Bertin, que la surveille du jour du Sacre, au baisement de la main, quand M. de Choiseul s’était présenté, le Roi avait retiré sa main avec une grimace effroyable ? Et Bertin ne lui mandait rien qu’il n’eût prévu, en lui annonçant que le mercredi du Sacre, M. de Choiseul, mandé à deux heures après midi par la Reine triomphante et assurée d’obtenir du Roi l’assemblée immédiate du conseil à Reims, avait essuyé le silence du Roi, se retirant tout doucement de lui jusqu’à la porte[1].

M. de Maurepas régnait donc. Laissant son neveu se morfondre à Aiguillon, défendant les vivacités et les imprudences aux ennemis de la Reine, il reprenait lui-même en sous-œuvre l’œuvre de d’Aiguillon

  1. Mémoires du ministère du duc d’Aiguillon. Paris, 1792.