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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/123

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la paix et la douceur d’un beau climat. Sa bienfaisance encore, cette bienfaisance infatigable des Penthièvre, qui ne rebuta jamais les malheureux, et jusqu’à ce parler italien dans lequel avaient été élevées l’imagination et la voix de la Reine, tout était un lien entre madame de Lamballe et Marie-Antoinette. La souveraine et la princesse allaient l’une à l’autre par mille rencontres de sentiments au fond d’elles-mêmes, et elles étaient prédestinées à une de ces rares et grandes amitiés que la Providence unit dans la mort.

L’intimité de Marie-Antoinette avec madame de Lamballe, commencée sous le feu roi, se faisait plus étroite alors que madame de Cossé brisait, par une brutalité malheureuse, les derniers liens de l’attachement de la Reine. L’archiduc Maximilien, frère de Marie-Antoinette, était venu à Paris. Il attendait la visite des princes du sang. La Reine avait demandé un bal à madame de Cossé. Le jour du bal arrivé, les princes n’avaient pas encore fait la visite. La Reine, engagée dans les prétentions de son frère, écrivait à Madame de Cossé : « Si les princes viennent à votre bal, ni moi ni mon frère ne nous y trouverons. Si vous voulez nous avoir, dépriez-les. » Madame de Cossé, embarrassée, hésitait, puis sacrifiait la Reine : elle envoyait la lettre aux princes[1].

La Reine se donnait alors entièrement à madame de Lamballe. Elle voulait non point payer son amitié, mais

  1. Portefeuille d’un talon rouge.