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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/138

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paraître dans les fêtes et dans les spectacles. Sa gaieté impatiente courait à tous les amusements, à ces jeux de salon de Madame de Duras, où l’on jouait au Roi comme les petites filles jouent à Madame, où un Roi de paille tenait sa cour, donnait audience, rendait la justice sur des plaintes de comédie, mariait ses sujets, et leur donnait la liberté avec le mot Descampativos[1]. La joie d’être aimée, cette joie immense, inespérée, qu’elle ne pouvait contenir, était chez Marie-Antoinette comme une joie d’enfant : elle en avait le bruit, l’activité prodigue, la folie et l’innocence.

L’amitié d’une femme allait s’emparer de la Reine.

Une des dames de la comtesse d’Artois, la comtesse de Polignac, amenait avec elle à Versailles, pendant le temps de son service, un jeune ménage, son frère et sa belle-sœur, le comte et la comtesse Jules de Polignac. La comtesse Jules ne tardait pas à être distinguée par la Reine[2].

Des yeux bleus, expressifs et parlants, un front peut-être trop haut[3], mais que masquait la mode des coiffures échafaudées, un nez un peu relevé, tout près d’être retroussé et ne l’étant pas, une bouche à ravir, des dents petites, blanches et bien rangées, de magnifiques cheveux bruns, des épaules

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. I. — Mémoires de la République des lettres. — Correspondance secrète, années 1776, 1777.
  2. Mémoires sur la vie et le caractère de Mme la duchesse de Polignac, par Madame la comtesse Diane de Polignac. Hambourg, 1796.
  3. Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.