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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/146

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Enfin, le 19 décembre 1778, vers minuit et demi, la Reine, qui s’était couchée la veille à onze heures sans rien souffrir, ressentait les premières douleurs. À une heure et demie elle sonnait. On allait chercher madame de Lamballe et les honneurs. À trois heures madame de Chimay avertissait le Roi. Le Roi trouvait la reine encore dans son grand lit. Une demi-heure après elle passait sur un lit de travail. Madame de Lamballe envoyait chercher la famille royale, les princes et les princesses qui se trouvaient à Versailles, et dépêchait des pages à Saint-Cloud au duc d’Orléans, à la duchesse de Bourbon et à la princesse de Conti. Monsieur, Madame, le comte d’Artois, Mesdames Adélaïde, Victoire et Sophie entraient chez la Reine, dont les douleurs se ralentissaient, et qui se promenait dans la chambre jusqu’à près de huit heures. Le garde des sceaux, tous les ministres et secrétaires d’État, attendaient dans le grand cabinet avec la maison du Roi, la maison de la Reine, et les grandes entrées ; le reste de la cour emplissait le salon de jeu et la galerie. Tout à coup, une voix domine le chuchotement immense : La Reine va accoucher ! dit l’accoucheur Vermond. La cour se précipite pêle-mêle avec la foule, car l’étiquette de France veut que tous entrent à ce moment, que nul ne soit refusé, et que le spectacle soit public d’une Reine qui va donner un héritier à la couronne, ou seulement un enfant au Roi. Un peuple entre, et si tumultueusement que les paravents de tapisserie entourant le lit de la Reine auraient été renversés sur