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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/148

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ratrice-Reine, appelée Marie-Thérèse-Charlotte, titrée Madame, fille du Roi[1].

Les présents avaient lieu pour ce qu’on appelait l’ouverture du ventre, comme pour un Dauphin : deux cents filles étaient dotées et mariées à Notre-Dame[2], et la mère n’en voulait pas longtemps à son premier enfant de n’être pas un garçon. « Pauvre petite, lui disait-elle en l’embrassant, vous n’étiez pas désirée ; mais vous ne m’en serez pas moins chère[3] ! »

Les soins dont madame de Polignac avait entouré les couches de la Reine rendaient plus vive encore l’amitié de la Reine ; et lorsque la rougeole, prise par la Reine auprès de Madame de Polignac, eut quelque temps privé la Reine de la société et de la vue de son amie ; lorsque madame de Polignac, convalescente à Claye, lui mandait qu’elle aurait l’honneur d’aller lui faire sa cour le lendemain de son arrivée à Paris, que lui répondait, non la Reine, mais l’amie ? « Sans doute la plus empressée de nous embrasser, c’est moi, puisque j’irai dès dimanche dîner avec vous à Paris[4]. » Et le dimanche, les portes fermées, et sa dame d’honneur la princesse de Chimay renvoyée, la Reine faisait à son amie la plus belle des surprises.

Dès que la fille de la comtesse Jules avait eu onze ans, la Reine avait dit à la mère : « Dans peu vous

  1. Gazette de France, mardi 22 décembre 1778.
  2. Mémoires de la République des lettres, vol. XII.
  3. Mémoires de Mme Campan, vol. I.
  4. Mémoires de la République des lettres, vol. XIV.