Aller au contenu

Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

penserez à marier votre fille ; lorsque votre choix sera fait, songez que le Roi et moi nous nous chargeons du présent de noces[1]. » La vieille comtesse de Maurepas, elle aussi, avait pensé à marier la fille de la favorite ; et avec qui ? avec le comte d’Agenois, le fils du duc d’Aiguillon[2] ! Singulière idée, combinaison habile, qui eût assuré aux Maurepas l’appui de la Reine et la reconnaissance du duc. Mais une alliance plus naturelle souriait mieux à madame de Polignac et à la Reine, une alliance avec les Choiseul ; et voici la bonne nouvelle que la Reine apportait à la comtesse Jules. Tout heureuse, tout émue, la Reine, avec des paroles qui se pressaient, lui apprenait que le mariage de sa fille et du jeune duc de Gramont était arrangé. Elle lui apprenait que le jeune duc avait la survivance du duc de Villeroy, qu’il serait fait par le Roi duc de Guiche, en attendant la jouissance du duché de Gramont. Le jeune duc n’ayant que vingt-trois ans et ne possédant pas encore les biens qui devaient lui revenir, le Roi lui donnait dix mille écus de rente sur ses domaines, la Reine en faisait autant pour la jeune épouse[3] ; et, pour combler la reconnaissance et l’orgueil des Polignac, la Reine annonçait au comte Jules que le Roi, voulant prouver au public en quelle estime il tenait sa famille, allait le créer duc héréditaire[4].

C’étaient là les bonheurs de Marie-Antoinette.

  1. Mémoires, par la comtesse Diane de Polignac.
  2. Correspondance secrète (par Metra), vol. VII.
  3. Mémoires de la République des lettres, vol. XIV.
  4. Mémoires, par la comtesse Diane de Polignac.