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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/161

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Un Dauphin ! un Dauphin[1]. L’enthousiasme éclate dans la rue, au théâtre, au feu d’artifice, aux Te Deum. À Versailles, la foule pressée dans les cours n’a qu’un cri « Vive le Roi, la Reine et monseigneur le Dauphin ! » C’est une procession et une ambassade continuelles des six corps des arts et métiers, des juges-consuls, des compagnies d’arquebuse et des halles[2]. Tout est rire, amour d’un peuple, chansons, violons !

La Reine relevait vite de couches. Elle voyait ses dames le 29, les princes et princesses le 30. Les grandes entrées recommençaient le 2 novembre ; le même jour l’accouchée se levait sur sa chaise longue[3]. Elle ne pensait plus qu’à répandre sa joie autour d’elle, sur le peuple, en bienfaits et en charités. Son bonheur voulait faire des heureux ; et elle écrivait à madame de Lamballe cette lettre où elle apparaît tout entière, et où se montre tout son cœur d’amie, de Reine, de mère heureuse :

    « Ce 7 novembre 1781.

Je vois que vous m’aimez toujours, ma chère Lamballe, et votre chère écriture m’a fait un plaisir que je ne saurois vous rendre ; vous vous portez bien, j’en suis heureuse, mais on ne peut se flatter de rien si vous continuez à veiller comme vous le faites auprès de M. de Penthièvre ; son indisposition

  1. Gazette de France, mardi 30 octobre 1781.
  2. Mémoires de Mme Campan, vol. I.
  3. Journal de Louis XVI, Revue rétrospective, vol. V.