Aller au contenu

Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

afflige beaucoup le Roi, qui lui envoie son premier médecin avec l’ordre de rester avec vous s’il y a du danger : je serai bien triste tant que je n’aurai pas des nouvelles de la crise. Dès que vous serez de retour et que vous aurez repris votre charge nous terminerons tout ce qui se rattache aux actes de bienfaisance qui doivent suivre mes couches. J’ai lu avec intérêt ce qui s’est fait dans les loges maçonniques que vous avez présidées au commencement de l’année et dont vous m’avez tant amusée ; je vois qu’on n’y fait pas que de jolies chansons et qu’on y fait aussi du bien. Vos loges ont été sur nos brisées en délivrant des prisonniers et mariant des filles, cela ne nous empêchera pas de doter les nôtres et de placer les enfants qui sont sur notre liste ; les protégées du bon M. de Penthièvre seront les premières pourvues, et je veux être marraine du premier enfant de la petite Antoinette. J’ai été tout attendrie d’une lettre de sa mère qu’Élisabeth m’a fait voir, car Élisabeth la protége aussi, je ne crois pas qu’il soit possible d’écrire avec plus de sentiment et de religion, il y a dans ces classes-là des vertus cachées, des âmes honnêtes jusqu’à la plus haute vertu chrétienne ; pensons à les savoir distinguer, je chargerai l’abbé de travailler à en découvrir, et nous tâcherons d’obtenir ainsi de Dieu la santé de M. de Penthièvre. Adieu, mon cher cœur, je vous embrasse de toute mon âme en attendant une lettre de vous[1].

    MARIE-ANTOINETTE. »
  1. Lettre autographe signée, communiquée par M. A. Firmin Didot, et publiée ici pour la première fois.