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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/165

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signées, tantôt avec la cour. Les appointements de gouvernante n’eussent point couvert les frais de ce salon, qui devenait le salon de la Reine de France. Une pension de 80,000 livres était placée sur les têtes du duc et de la duchesse. Peu après, le duc de Polignac était nommé directeur des postes et des haras[1], réserve faite de la poste aux lettres, que Louis XVI laissait à M. d’Ogny, ne voulant point confier à un homme du monde cette place de discrétion[2].

Bientôt la Reine passait sa vie chez madame de Polignac. Les belles heures, données à l’intimité, à la liberté, à la gaieté, dans la grande salle de bois, à l’extrémité de l’aile du palais regardant l’orangerie ! Un billard était au fond[3], un piano à droite, une table de quinze à gauche[4]. Le jeu, la musique, la causerie de dix à douze amis, charmaient le temps. Là, Marie-Antoinette était heureuse : « Ici, je suis moi, » disait-elle d’une façon charmante ; et tous les jours elle venait oublier son personnage de Reine dans la compagnie de madame de Polignac, dans son monde, à moins qu’elle n’emmenât à Trianon madame de Polignac et son salon.

  1. Mémoires, par la comtesse Diane de Polignac.
  2. Mémoires secrets de la République des lettres, vol. I.
  3. S. M. s’amuse de préférence à jouer au billard parce que ces occasions réunissent mieux tout ce monde que la Reine appelle sa société, et avec lequel elle aime à s’entretenir. (Correspondance de Mercy-Argenteau.)
  4. Souvenirs et Portraits, par M. de Lévis.