Aller au contenu

Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Olympe ; la nature même y paraissait solennelle ; la promenade y était royale, et s’abritait d’un dais d’or. Rien de cette étiquette des journées, du costume, de l’architecture, du paysage, ne plaisait à Marie-Antoinette. Le jeu qu’elle aimait moins, le gros jeu de Marly, dont le Roi grondait les excès, la dégoûtait encore de ces voyages. Trianon devenait la maison de campagne de Marie-Antoinette, sa retraite et ses amours.

Là, quelle autre vie ! quel amusement sans faste et sans contrainte ! Quelle succession de jours, quels mois trop courts, dérobés à la royauté, donnés à la familiarité et aux joies particulières ! Quels plaisirs à cent lieues de Versailles ! Plus de cour, qu’une petite cour d’amis, que sa vue basse n’avait point besoin de reconnaître avec le lorgnon caché au milieu de son éventail ; plus d’ennuis, plus de couronne ni de grands habits : la Reine n’était plus la Reine à Trianon ; à peine y faisait-elle la maîtresse de maison. C’était la vie de château avec son train facile, et toute l’aisance de ses usages. L’entrée de Marie-Antoinette dans un salon ne faisait quitter aux dames ni le piano-forte ni le métier à tapisserie, aux hommes ni la partie de billard ni la partie de trictrac. Le Roi venait à Trianon seul, à pied, sans capitaine des gardes. Les invités de la Reine arrivaient à deux heures pour dîner, et s’en retournaient coucher à Versailles à minuit[1]. C’était, tout ce temps, des occupations

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. I. — Mémoires du baron de Besenval, vol. II. — Mercy-Argenteau peint en ces termes