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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/169

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comme une scène vide, et rappelle les beaux jours de Marie-Antoinette ; où le pas du curieux hésite et tremble, marchant peut-être dans le pas de la Reine !

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Le rêve de la Reine est accompli. Le Trianon de Marie-Antoinette est fini. Il a eu son inauguration et son apothéose, lors de l’illumination et de l’incendie féeriques de ses bosquets, en l’honneur de l’empereur Joseph. Dans la verdure, voilà le petit palais blanc. Poussez un bouton de porte ciselé ; c’est devant vous un escalier de pierre à grand repos. Dans les entrelacs de la rampe magnifique et dorée, dans les cartouches à têtes de coq, s’enlacent les initiales M. A., et les caducées se marient aux lyres, à ces lyres, les armes parlantes du palais, qui se retrouvent jusque sur les feux de cheminée. Aux murs nus de l’escalier, il n’est rien que des festons de feuilles de chêne fouillées dans la pierre. En face l’escalier menace une tête de Méduse, qui n’empêchera pas la calomnie de monter. Après une antichambre, vient la salle à manger, où le parquet rejoint montre encore la coupure où montait, pour les orgies de Louis XV, la merveilleuse table de Loriot avec ses quatre servantes[1], et là commencent les ornements sur les boiseries exécutées par ordre de Marie-Antoinette : ce ne sont aux panneaux de bois sculpté que car-

  1. Mémoires de la République des lettres, vol. IV.