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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/177

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la Reine et n’avait point partagé la disgrâce du duc de Lauzun et du chevalier de Luxembourg ; le comte de Coigny, gros garçon, bien portant et l’esprit en belle humeur ; le chevalier de Coigny, joli homme, fêté à Versailles, fêté à Paris, recherché des princesses et des financières, flatteur câlin, que les femmes appelaient Mimi ; le prince d’Hénin, un fou charmant, un philanthrope à la cour ; le duc de Guines, le journal de Versailles, qui savait toutes les médisances, de plus excellent musicien et parfait flûtiste[1] ; le bailli de Crussol, qui plaisantait avec une mine si sérieuse ; puis la famille des Polignac ; le comte de Polastron, qui jouait du violon à ravir ; le comte d’Andlau, qui était le mari de Madame

    pour le duc de Choiseul et espérait de la reconnaissance de la Reine pour l’auteur de son mariage une rentrée au Ministère, avait frondé la comtesse de Polignac, avait cherché à la rendre suspecte à Marie-Antoinette, en mettant au jour son hostilité contre Choiseul, ses liaisons avec Maurepas, la levée enfin de l’exil du duc d’Aiguillon due aux intrigues de la favorite. Le duc et la favorite se réconciliaient un jour, mais aux dépens de la Reine, et en s’entendant pour lui arracher à l’envi les places de finances et les grâces pécuniaires.

  1. le duc de Guines fut accusé d’avoir abusé de la faiblesse de la Reine, pendant un moment maladif, pour faire doter sa fille et la faire épouser au fils unique du marquis de Castries. Lui, le duc de Guines, il avait eu l’habileté de s’emparer de la confiance de la comtesse Jules, et cela ajoutait une grande force à son autorité. Mais un moment le duc préjugea trop de son crédit ; il voulut imposer des idées et des projets qui devaient amener un bouleversement total de la cour. La Reine hésitant, il crut pouvoir emporter la chose et eut l’imprudence de prendre un ton tranchant qui révolta la Reine. Assez mal reçu dans un séjour à Marly en 1779, il revenait huit jours avant la fin du voyage, s’enfermait chez lui, faisait défendre sa porte sous le prétexte d’une attaque de goutte.