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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/182

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pourquoi ne pas s’affranchir des sottises de la coutume ? N’était-il pas ridicule enfin de penser que l’obéissance des peuples tînt au plus ou moins d’heures qu’une famille royale passait dans un cercle de courtisans ennuyeux et ennuyés[1] ? Leçons plaisantes d’un philosophe indulgent et facile, auxquels applaudissaient tous les hôtes de Trianon, et que la Reine de France se laissait aller à écouter comme la voix de la raison enjouée et de la sage amitié !

M. le comte de Vaudreuil était le fils d’un gouverneur de Saint-Domingue enrichi dans son gouvernement. Son oncle, major des gardes françaises, était mort lieutenant général et grand-croix de Saint-Louis. Riche, bien apparenté, en belle passe, M. de Vaudreuil avait eu l’ambition de rester un paresseux et de donner sa vie à ses goûts.

C’était encore un amateur, un curieux, pour parler la langue du temps, mais rempli de savoir et de connaissances, achetant lui-même et goûtant ce qu’il achetait. Il avait fait de son magnifique hôtel de la rue de la Chaise, débarrassé de l’école flamande et de l’école italienne[2], la galerie de l’école française du dix-huitième siècle, le panthéon des petits dieux, des mythologies de Lagrenée, de Subleyras, de Natoire, aux mythologies de Bou-

  1. Souvenirs et Portraits, par le duc de Lévis.
  2. Catalogue raisonné d’une très belle collection de tableaux des écoles d’Italie, de Flandre et de Hollande, qui composaient le cabinet de M. de Vaudreuil, grand fauconnier de France, par Lebrun, 1784.