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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/193

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n’aime la mode ! quelle femme n’aime la comédie ! et quel maussade empire c’eût été que le Trianon de Marie-Antoinette sans un théâtre !

Le théâtre était à Trianon comme le temple du lieu. Sur un des côtés du jardin français, ces deux colonnes ioniennes, ce fronton d’où s’envole un Amour brandissant une lyre et une couronne de lauriers, c’est la porte du théâtre. La salle est blanc et or ; le velours bleu recouvre les sièges de l’orchestre et les appuis des loges[1]. Des pilastres portent la première galerie ; des mufles de lion, qui se terminent en dépouilles et en manteaux d’Hercule branchagés de chêne, soutiennent la seconde galerie ; au-dessus, sur le front des loges en œil-de-bœuf, des Amours laissent pendre la guirlande qu’ils promènent. Lagrenée a fait danser les nuages et l’Olympe au plafond[2]. De chaque côté de la scène, deux nymphes dorées s’enroulent en torchères ; deux nymphes au-dessus du rideau portent l’écusson de Marie-Antoinette.

Ce joli petit théâtre, qui a vu jouer de vrais acteurs, et sur lequel a été représentée la parodie de l’Alceste de Gluck, a donné à la Reine la tentation de reprendre ses amusements de Dauphine. Après mille empêchements et de longs arrangements, il était convenu qu’à l’exception du comte d’Artois, aucun jeune homme ne serait admis dans la troupe, et qu’on n’aurait pour spectateurs que le Roi, Mons-

  1. Fragments sur Paris, par Meyer, vol. II.
  2. Explication des peintures dont l’exposition a été ordonnée par M. le comte de la Billarderie d’Angiviller. Paris, 1779.