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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/194

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ieur, et les princesses qui ne joueraient pas. Madame, à l’invitation de son mari, avait refusé de jouer, en laissant voir à sa belle-sœur qu’elle jugeait ce divertissement au-dessous de son rang. À ce premier public on adjoignait, pour l’émulation des acteurs, les femmes de la Reine, leurs sœurs et leurs filles. Plus tard, le succès et la curiosité grandissant, l’entrée s’étendait aux officiers des gardes du corps, aux écuyers du Roi et de ses frères, et même à quelques gens de la cour qui assistaient au spectacle en loges grillées[1]. Le chanteur Caillot était choisi pour former et diriger les voix dans le genre facile de l’opéra-comique. Dazincourt était chargé de développer les dispositions comiques de la troupe, instruite et guidée encore par M. de Vaudreuil, qui passait pour le meilleur acteur de société de Paris[2].

Ainsi préparées et montées, commençaient les représentations royales. Le début fut le Roi et le Fermier, suivi de la Gageure imprévue. La Reine, « à laquelle aucune grâce n’était étrangère », dit Grimm, jouait les rôles de Jenny et de la soubrette ; le comte d’Artois le rôle du valet et du garde-chasse. Ils étaient soutenus par M. de Vaudreuil dans le rôle de Richard, et par la duchesse de Guiche dans la petite Betzi. Diane de Polignac faisait la mère, et le personnage du roi était rendu par M. d’Adhémar, avec cette voix chevrotante qui amusait tant la

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. I.
  2. Correspondance littéraire de Grimm, vol. X.