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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/225

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C’est un étrange roman aux yeux de tout ce pays-ci, que de vouloir supposer que j’ai pu vouloir donner une commission secrète au cardinale »[1].

Et qui donc osait se dire son confident ? Qui jouait le négociateur dans cette affaire ? L’homme, le seul homme peut-être de France auquel Marie-Antoinette avait fait vœu de ne pas pardonner ; l’homme qui avait livré Marie-Thérèse aux risées de la du Barry ; l’homme qui, à la cour de Vienne, avait calomnié la fille auprès de la mère, à ce point que l’impératrice avait envoyé le baron de Neni en France pour s’assurer des faits ; l’homme qui, à la cour de Versailles, n’avait cessé de montrer l’archiduchesse d’Autriche dans la Reine de France ; l’homme qui avait parlé de la coquetterie de la Reine de façon à manquer à l’épouse de son roi ; l’homme, enfin, dont toute la diplomatie, en France comme à l’étranger, n’avait été que raillerie et perfidie contre la personne de Marie-Antoinette ; l’homme à qui,

  1. Dans une autre lettre elle dit à son frère. « Le cardinal a pris mon nom comme un vil et maladroit monnoyeur. Il est probable que pressé par un besoin d’argent, il a cru pouvoir payer les bijoutiers à l’époque qu’il avait marquée sans que rien fût découvert. Le Roi a eu la bonté de lui donner le choix d’être jugé au parlement ou de reconnaître le délit et de s’en remettre à sa clémence. » Dans une dernière lettre relative à l’affaire du collier Marie-Antoinette écrit à Joseph II : « Cagliostro charlatan, la Mothe sa femme et une nommée Oliva barboteuse des rues sont décrétés avec lui ; il faudra qu’il leur soit confronté et réponde à leurs reproches. Quelle association pour un grand aumônier et un Rohan cardinal. Madame de Brionne qui depuis vingt ans paraissait brouillée avec lui, a pris cette affaire avec une chaleur qui lui fait faire mille extravagances… »