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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/224

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la Reine de l’achat, fait en son nom, du collier par le cardinal de Rohan et de l’apposition de sa signature sur le traité. Imaginez à ce coup de foudre la stupéfaction et la douleur de la Reine !

Cette douleur, cette stupéfaction éclatent sur le coup avec l’accent de la vérité la plus sincère dans une lettre de Marie-Antoinette, adressée à son frère, Joseph II :

    Ce 22 août 1785,

« Vous aurez déjà su, mon cher frère, la catastrophe du cardinal de Rohan. Je profite du courrier de M. de Vergennes pour vous en faire un petit abrégé. Le cardinal est convenu d’avoir acheté en mon nom, et de s’être servi d’une signature qu’il a cru mienne, pour un collier de diamants de seize cent mille francs. Il prétend avoir été trompé par une Mme Valois de la Mothe. Cette intrigante du plus bas étage n’a nulle place ici, et n’a jamais eu d’accès auprès de moi. Elle est depuis deux jours dans la Bastille, et, quoique par son premier interrogatoire elle convienne d’avoir eu beaucoup de relations avec le C — —, elle nie fermement d’avoir eu aucune part au marché du collier. Il est à observer que les articles du marché sont écrits de la main du C — — ; à côté de chacun le mot « approuvé » de la même écriture qui a signé au bas « Marie-Antoinette de France. » On présume que la signature est de ladite Valois de la Mothe. On l’a comparée avec des lettres qui sont certainement de sa main ; on n’a pris nulle peine à contrefaire mon écriture, car elle ne lui ressemble en rien, et je n’ai jamais signé « de France. »