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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/227

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teuil et M. de Vermond, ont été blâmés. On les a accusés d’avoir livré la Reine à la malignité du public, d’avoir compromis son honneur dans des débats publics. Et cependant, si le parti contraire avait été adopté, si les conseils de la prudence ou plutôt de la timidité eussent prévalu, si l’affaire avait été étouffée, quelle arme dans les mains des ennemis de la Reine ! Quelle preuve ils eussent tirée contre l’innocence de Marie-Antoinette, de ce silence, et de cette défiance de la lumière et de la justice !

Le 15 août, jour de l’Assomption, à midi, toute la cour remplissant la galerie, le cardinal de Rohan, en rochet et en camail, attendait Leurs Majestés, qui allaient passer pour aller entendre la messe. Il est appelé dans le cabinet du Roi, où il trouve la Reine. « Qui vous a chargé, Monsieur, lui dit le Roi, d’acheter un collier pour la Reine de France ? — Ah ! Sire, s’écrie le cardinal, je vois trop tard que j’ai été trompé ! » Le Roi reprend : « Qu’avez-vous fait de ce collier ? — Je croyais qu’il avait été remis à la Reine. — Qui vous avait chargé de cette commission ? — Une dame appelée madame la comtesse de la Motte-Valois, qui m’avait présenté une lettre de la Reine, et j’ai cru faire ma cour à Sa Majesté en faisant cette commission. — Moi, Monsieur ? interrompt la Reine, qui tourmentait son éventail, moi ! qui depuis mon arrivée à la cour ne vous ai point adressé la parole ! À qui persuaderez-vous, s’il vous plaît, que j’ai donné le soin de mes atours à un évêque, à un grand aumônier de France ? — Je vois bien, ré-